Préparer le retour à l’emploi de publics fragilisés : des entreprises engagées

Avec plus de 70000 salariés en France, Engie, le géant de l’énergie possède une dizaine d’accords handicap avec les partenaires sociaux et a établi des procédures pour réintégrer des employés après une absence prolongée.

Instaurer des solutions adaptées

« J’étais à la rue, mon handicap m’empêchait d’exercer le métier pour lequel j’avais été formée  : la coiffure  », raconte Céline sur le site de l’Association pour la réinsertion économique et sociale (Ares). Créée il y a trente ans, cette dernière rassemble des structures qui accompagnent pendant 15 à 18 mois des personnes en situation de grande exclusion (jeunes sans qualification, personnes handicapées) vers l’emploi et une situation sociale stabilisée. «  Avec ma chargée d’accompagnement, nous avons travaillé dur et avons trouvé des solutions  », poursuit Céline, devenue depuis lors auxiliaire de vie scolaire. L’Ares, notamment spécialisée dans la logistique, le BTP, l’économie circulaire et les services numériques, compte 250 clients. Parmi eux figurent des petites structures telles que RecycLivre, une société de revente de livres d’occasion. «  Quand j’ai envoyé des demandes de devis à différents logisticiens, ils n’étaient ni moins ni plus chers, mais l’Ares et moi partagions la même vision  », témoigne David Lorrain, fondateur de RecycLivre. L’Ares compte aussi des grandes entreprises telles que Véja, le vendeur de baskets équitables, Suez, Vinci ou Engie parmi ses partenaires.

« On considère que la diversité et l’accompagnement social sont des leviers de performance pour le groupe  », affirme Rachel Compain, directrice développement social et diversité chez Engie. Avec plus de 70000 salariés en France, le géant de l’énergie possède une dizaine d’accords handicap avec les partenaires sociaux et a établi des procédures pour réintégrer des employés après une absence prolongée. «  Lorsqu’une personne sort d’une longue maladie, le responsable ressources humaines (RH), le médecin du travail et le manageur se mobilisent pour comprendre dans quelles conditions la personne revient, pour adapter le contenu de son poste, aménager des formations si besoin et gérer le rythme de retour  », précise-t-elle.

Mettre en place la confiance

La responsable insiste également sur l’importance de mettre en confiance les employés souffrant d’un handicap. «  Surdité, affections visuelles… de multiples troubles peuvent intervenir dans la vie d’un salarié dans le cadre de son activité, expose Rachel Compain. Pour cette raison, il est indispensable que la personne se sente suffisamment en confiance pour en discuter avec les équipes, obtenir une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) et être accompagnée dans son retour au travail.  »

En partenariat avec Humando Pluriel, une entité du groupe Adecco, spécialisé dans le travail intérimaire, Engie a lancé plusieurs promotions de recrutement en 2020 et 2021 pour intégrer des alternants éloignés de l’emploi, notamment en situation de handicap. «  Notre objectif est d’attirer des talents que nos ressources humaines ne vont pas forcément aller chercher spontanément  », précise Rachel Compain. Un effort vers l’insertion encore perfectible, surtout avec la crise actuelle, mais plus que jamais nécessaire.

"Nous accompagnons chacun vers une activité pérenne" 

Aline Crépin, directrice générale de Kliff par Randstad

Quelles spécificités offre le travail intérimaire dans le domaine de l’inclusion ?

L’intérim est avant tout une porte d’entrée dans l’entreprise, rassurante pour le candidat ou la candidate qui s’engage sur une durée limitée. Cela lui permet de tester un employeur et son environnement. Pour l’entreprise, cela permet de faire tomber certaines barrières et de montrer que la plupart des postes, finalement, sont accessibles à tous. Par ailleurs, les intérimaires en situation de handicap comptent dans l’obligation d’emploi de nos clients (NDLR : Toute société d’au moins 20 salariés ou agents doit employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l’effectif total, 2 % à Mayotte).

De quelle manière collaborez-vous avec les entreprises sur cette question ?

Pour aller plus loin dans la mise en emploi déjà réalisée par nos agences, Randstad a fait une joint venture sociale (NDLR : une association d’entreprises ayant pour objet la réalisation d’un projet commun) avec Fastroad —une entreprise adaptée de premier plan — pour créer, à la fin de l’année 2019, Kliff par Randstad. Il s’agit d’une entreprise adaptée de travail temporaire entièrement dédiée aux personnes en situation de handicap. Nous voulons accompagner chacun vers une activité pérenne à travers différentes missions dans les entreprises, avec des dispositifs de formation et surtout un accompagnement professionnel très important. Cela permet à des personnes en situation de handicap de postuler chez nous en toute confiance ou d’accueillir en milieu «  ordinaire  » des salariés qui n’osaient pas déclarer leur handicap ou ne se sentaient plus capables d’y travailler.

Comment cela est-il vécu par les employeurs ?

Les entreprises sont de plus en plus conscientes de la nécessité de faciliter l’intégration des personnes en situation de handicap. Les directions des ressources humaines sont ouvertes sur le sujet. Mais parmi les manageurs et les «  opérationnels  », il faut encore convaincre et faire preuve de pédagogie. Pour parvenir à cet objectif, rien de mieux que de commencer par une mission d’intérim pour changer ce regard…

 

Source : Le Parisien

Publiée le